Kinshasa : Type K ou le crash d’un avenir…

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Le 8 janvier 1996, un avion de marque Antonov s’écrasait sur un marché public à Kinshasa. L’accident fit plusieurs victimes dont une dame commerçante, vendeuse au marché appelé Type K. L’antonov fit aussi une victime collatérale. Le fils à la dame. Il n’était pas à Type K en ce matin là ignoble. Il pouvait être à l’école qu’il ne fréquentera plus jamais. Sa mère tuée par un avion, il ne survivra pas à la misère qui prit place. Il n’aura plus de possibilité d’aller apprendre pour se donner une chance de vivre dignement dans l’ex Zaïre que Mobutu laissera deux ans plus tard dans un état d’abandon. Vite, il se lança dans la débrouille. Habitant la municipalité de Barumbu qui abrite le marché central de Kinshasa, le fils de la maman de Type K ne devint pas un commerçant comme sa mère. Sa vie bascula plutôt dans la jungle du grand marché, lieu sans foi ni loi qui fit de lui un enfant dans la rue, un shegué. Il se retrouva leader, chef de bande des shegué dont le travail consiste nuit et jour à voler, violenter ceux qui fréquentent le grand marché.

Une vie souillée dont il n’est pas fier. La conscience de son indignité le ronge parfois. Un jour, il rencontra son ami de classe qui, lui, avait émergé socialement comme un citoyen normal. Marié et père d’une famille. Employé dans une ONG. L’ami normal n’eut pas honte de lui. Il lui montra sa maison. Mais le fils Type K n’osa point entrer. « Je n’en suis pas digne « , pensa-t-il. Il en sera ainsi chaque fois qu’il avait besoin de son ami normal. Besoin de cigarettes ou de quelque chose d’autre, il s’arrêtait à la grande porte et envoyait quiconque qui s’y trouvait de faire signe à son camarade d’école qu’il avait besoin de lui.

Le fils Type K avait conscience qu’on ne fait pas du mal aux siens. Un jour la femme de l’ami normal se fit arracher de son cou son bijou. C’était à la sortie de la parcelle. Sur l’avenue. Elle en fit part à son mari en mission en dehors de Kinshasa qui en informa par téléphone son ami, le leader de la bande. Le fils Type K convoqua ses gens et leur exigea que lui soit remis le bijou. Ce qui fut fait. Il le rendit à sa « belle -soeur « non sans laisser ce conseil d’un connaisseur lorsque son ami l’appela pour le remercier: « s’il vous plaît, dites à votre femme de ne pas porter ses bijoux en ces endroits dangereux. La tentation est trop grande pour nous « .

Au nom des victimes du marché Type K.

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