Cette journée est marquée cette année par un contexte particulièrement sombre. Des dizaines de journalistes ont perdu la vie dans divers conflits à travers le monde. De Gaza au Congo, les défis sont similaires : une lutte entre la vérité et la propagande.
Dans l’est de la République démocratique du Congo, exercer le métier de journaliste relève aujourd’hui du parcours du combattant. Au cœur d’une nébuleuse d’acteurs armés et politiques, le professionnalisme est mis à mal par des discours prônant un “patriotisme” dévoyé. Les rares journalistes qui tentent de défendre la vérité sont perçus comme des ennemis de la nation.
Pire encore : le gouvernement d’un côté, les groupes rebelles de l’autre, ont enrôlé des médias à leur solde, façonnant une narration biaisée pour convaincre l’opinion publique que leurs versions mensongères reflètent la réalité.
Sur le terrain, couvrir la guerre dans l’est du Congo m’a appris une triste leçon : parfois, la vérité doit être tue. Même les lecteurs, pourtant censés exiger des comptes de la presse, sombrent dans un fanatisme aveugle, préférant se laisser berner plutôt que d’accepter des faits qui dérangent.
Résultat ? La plupart des journalistes intègres sont réduits au silence ou à la précarité, exclus pour avoir refusé de se plier aux diktats des décideurs ou de flatter la rébellion. Le vrai journalisme meurt à petit feu . Beaucoup hésitent désormais à prendre des risques, face à la menace de représailles.
Même les syndicats et associations censés défendre la profession ont failli: certains ont pris parti, abandonnant les journalistes indépendants dans une confusion délétère.
Il est urgent de réfléchir à l’avenir du journalisme au Congo. Si cette tendance se poursuit, la presse ne sera plus le quatrième pouvoir, mais une simple caisse de résonance au service des manipulateurs.
Hommage à ces journalistes qui résistent encore, au péril de leur vie, pour éclairer le peuple.
Bonne fête à nous tous.
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