Révolution de la conscience révoltée(13)
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Kinshasa étouffée : embouteillages monstres dans une ville de plus de 12 millions d’habitants.
Par Jonas Tshiombela
Avocat du Peuple
Kinshasa, 20 mai 2025. Chaque jour, des milliers de Kinois restent bloqués dans des bouchons interminables. Dans une capitale où le temps perdu se chiffre en milliards de francs, les causes de cette paralysie routière sont multiples, mais les solutions existent.
Kinshasa, la plus grande agglomération francophone d’Afrique, vit au rythme des klaxons, des moteurs qui suffoquent et des usagers à bout de nerfs. Pour parcourir dix kilomètres, il faut parfois deux à trois heures. Une situation devenue presque normale, mais dont les effets sont dévastateurs sur l’économie, la santé, la qualité de vie et l’environnement.
Une ville en expansion, mais sans vision
Avec plus de 12 millions d’habitants, Kinshasa connaît une croissance démographique fulgurante, sans véritable planification urbaine. Les quartiers s’étendent de manière anarchique, les routes sont rares, étroites et mal entretenues. Pendant ce temps, le nombre de véhicules continue de croître, dans une ville dépourvue d’un système de transport public digne de ce nom.
« Kinshasa est construite pour deux millions de personnes, pas douze », s’exclame un urbaniste local qui préfère garder l’anonymat. « On a un urbanisme des années 60 pour une population du XXIe siècle. »
Taxis-bus, motos, voitures privées : le chaos quotidien
Les “ketch”, “esprits de mort” et autres taxis-bus règnent sur les routes, souvent au mépris du code de la route. Les motos-taxis ajoutent au désordre, zigzaguant entre les voitures, causant de nombreux accidents. La plupart de ces véhicules sont vétustes, polluants et peu réglementés.
À cela s’ajoute l’incivisme ambiant. Stationnement en double file, conduite en sens inverse, refus de priorité : l’anarchie est la règle. « Ici, chacun se crée sa voie. Et quand tout le monde bloque tout le monde, on reste là pendant des heures », déplore un chauffeur de taxi.
Les conséquences : une ville qui perd son souffle
Les pertes économiques sont énormes. Temps de travail perdu, carburant gaspillé, retards en cascade. Les entreprises, les écoliers, les hôpitaux, personne n’est épargné. Les coûts d’entretien des véhicules explosent, tout comme les maladies respiratoires dues à la pollution.
Mais c’est aussi la santé mentale qui est affectée. « Après trois heures dans les embouteillages, je rentre chez moi épuisé. Je n’ai plus la force de m’occuper de mes enfants », confie un cadre résidant à Mont Ngafula et travaillant à la Gombe.
Que fait l’État ?
Feux tricolores défectueux, policiers débordés ou corrompus, projets de voirie inachevés : la réponse des autorités reste timide. Malgré quelques tentatives d’ouverture de nouvelles voies ou de réhabilitation d’avenues, rien ne semble freiner l’engorgement quotidien. Pourtant, les solutions existent :
1. Investir dans un réseau de transport public moderne : bus, minibus, à terme tram ou métro.
2. Décentraliser les activités économiques pour éviter la concentration à la Gombe.
3. Aménager des routes secondaires et interconnecter les quartiers.
4. Former et équiper la police de circulation, et mettre en place une vraie régulation automatisée.
5. Sensibiliser la population au civisme routier
Kinshasa mérite mieux
La capitale de la RDC ne peut continuer à fonctionner sur un mode improvisé. Les embouteillages ne sont pas qu’un problème de circulation : ils sont un révélateur du chaos urbain, de l’inefficacité administrative, et de l’abandon de la population à son propre sort. Kinshasa, ville de créativité, de résilience et d’énergie humaine, mérite une mobilité à la hauteur de ses ambitions.
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