par Kikaya Bin Karubi
Proche collaborateur de l’ancien président congolais depuis 25 ans, et aujourd’hui l’un de ses principaux conseillers, Barnabé Kikaya Bin Karubi est l’un des artisans de la très controversée « opération retour » de celui qui dirigea la RDC entre 2001 et 2019. Pour lui, le pays a besoin d’un président « cohérent, calme et engagé ».
J’ai rencontré le président honoraire de la RDC, Joseph Kabila Kabange, pour la première fois en août 1998 à Harare, au Zimbabwe, où j’étais ambassadeur. Il avait 27 ans et arrivait tout droit de Chine, où il poursuivait des études à la National Defense University de Beijing. Depuis, je ne l’ai plus quitté, malgré les nombreux postes à responsabilité que j’ai eu à occuper au cours des dix-huit années de son règne, postes d’ambassadeur puis de ministre, jusqu’à celui – stratégique – de secrétaire particulier du chef de l’État, ce qui impliquait une proximité absolue avec ce dernier.
Après des années d’absence de la vie publique, Joseph Kabila revient sur la terre de ses ancêtres, auprès de son peuple et d’une nation qui se trouvent, une fois de plus, au bord de l’implosion. Ce retour n’est pas motivé par la recherche du pouvoir pour le pouvoir ni par une ambition personnelle. Joseph Kabila revient parce qu’il voit une nation en détresse, un pays dont la souveraineté est menacée, et un peuple qui réclame des dirigeants qui l’écoutent, le comprennent et lui donnent satisfaction.
Ces six dernières années ont été une période d’observation et de réflexion. Il a pris, en 2019, la décision de se retirer afin de permettre ce que le monde entier a salué comme étant la première passation de pouvoir pacifique dans l’histoire postindépendance de notre pays. Cela a été possible parce que c’était l’occasion, pour notre pays, de démontrer au monde, ainsi qu’à lui-même, que les Congolais pouvaient respecter leur Constitution et bâtir des institutions, et non des dynasties.
Depuis lors, Joseph Kabila observe et écoute attentivement. Il voit les espoirs placés dans les nouveaux dirigeants céder la place à la frustration. Il voit les rêves du peuple différés, leurs voix étouffées par des slogans et par des cérémonies qui ne se traduisent pas en actes. Il voit l’instabilité régionale revenir avec fureur. Il voit le gouvernement de Félix Tshisekedi lancer des accusations, dénoncer et déclarer des situations d’urgence tout en faisant bien peu pour changer les faits sur le terrain.
Joseph Kabila a gouverné pendant l’une des périodes les plus turbulentes de l’histoire moderne de la RDC. Il a pris des décisions au nom de l’unité et de la survie de notre pays. Certaines d’entre elles ont été critiquées. Ce sont des vérités qu’il ne cache pas. Mais, avec le temps, vient la sagesse, et avec la réflexion vient la clarté. Le temps qu’il a passé loin du pouvoir lui a appris plus de choses que les années passées au pouvoir n’auraient jamais pu le faire.
« Joseph Kabila revient pour servir »
Aujourd’hui, force est de constater que nos institutions sont plus faibles que fortes. Les promesses de développement faites à notre peuple sont largement restées lettre morte. Des contrats ont été signés, engageant des milliards de dollars, mais peu de choses ont été réalisées. Les projets d’infrastructure sont au point mort. Les routes censées relier nos populations restent défectueuses. Et l’État, malgré de grandes déclarations, n’a pas réussi à reconquérir les régions perdues en raison de la violence et des influences étrangères.
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L’insécurité n’est plus confinée à des régions éloignées. Nous sommes confrontés à une crise nationale. Plus de 7 millions de nos concitoyens sont des déplacés. Nos frontières sont poreuses. Des acteurs étrangers manipulent nos affaires intérieures, et nos dirigeants sont de plus en plus perçus, tant par notre peuple que par nos voisins, comme erratiques et peu fiables.
C’est dans ce contexte que Joseph Kabila revient pour servir. Non pour diviser, mais pour unifier. Il apporte avec lui l’expérience, mais aussi l’humilité. Mieux que quiconque il connaît le prix de la paix. Il comprend le langage de la diplomatie et la nécessité de la force. Il a parlé avec les voisins de la région. Il sait comment agir pour les faire passer du silence à l’action. Et il sait comment défendre cette nation sans crier sur les podiums ni attiser la haine.
Le Congo a besoin d’un leader cohérent, calme et engagé. Un leader qui sait que la paix régionale ne s’obtient pas par des accusations, mais par des négociations ancrées dans la force. Un leader qui comprend que la sécurité et le développement ne sont pas des tâches distinctes, mais une seule et même chose. Une école ne peut pas fonctionner si elle se trouve dans une zone de guerre. Une route ne signifie rien si des rebelles contrôlent le territoire qu’elle traverse.
Nous devons revenir aux fondements de la nation : protéger notre peuple, défendre notre souveraineté et construire l’infrastructure qui rend l’unité possible, non seulement en paroles, mais aussi en pratique. Nos jeunes méritent plus que des slogans. Ils méritent qu’on leur donne leur chance. Nos femmes méritent plus que des discours. Elles méritent la sécurité, l’éducation et l’inclusion dans la reconstruction de notre société.
« Prêt à travailler avec tous les Congolais »
Joseph Kabila est prêt à travailler avec tous les Congolais qui partagent cette vision, quel que soit leur parti ou leur province d’origine. Comme à son habitude, il ne répondra pas à ceux qui voient des ennemis dans chaque recoin. Il ne se laissera pas provoquer par ceux qui parlent de trahison alors qu’ils devraient parler de paix. L’Histoire jugera chacun d’entre nous, non pas sur ses accusations, mais sur ses actes.
L’heure est venue d’exercer un leadership sérieux. Pour une expérience solide. Pour ceux qui peuvent inspirer le respect, dans leur pays comme sur tout le continent. Joseph Kabila ne prétend pas avoir toutes les réponses. Mais il a la volonté, les connaissances et l’engagement nécessaires pour accompagner le peuple dans cette tempête, comme il l’a fait par le passé. L’heure est à l’unité, non à la division. Pour la clarté, pas pour la confusion. Pour la reconstruction, pas pour la vengeance. Soyons à la hauteur, ensemble.
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