L’ancien président Joseph Kabila est accusé de haute trahison dans l’est de la RDC. La justice militaire réclame la levée de son immunité.
En République démocratique du Congo, le gouvernement du président Félix Tshisekedi envisage des poursuites judiciaires contre son prédécesseur, Joseph Kabila, sénateur à vie.
Il est accusé de haute trahison pour son présumé soutien aux rebelles dans l’Est du pays. La justice militaire réclame la levée de ses immunités, une procédure actuellement en examen au Sénat.
Si elle aboutit, l’ancien chef de l’État pourrait être exposé à la peine capitale. Une situation inédite qui fait craindre des répercussions politiques majeures.
Le président Félix Tshisekedi accuse ainsi ouvertement Joseph Kabila de collusion avec les rebelles de l’AFC-M23. Des accusations que l’ancien chef de l’État rejette fermement, exigeant des preuves concrètes.
Le présumé voyage de Joseph Kabila à Goma
La procédure judiciaire s’est accélérée après des rumeurs faisant état du passage de Joseph Kabila à Goma le mois dernier, ville sous contrôle des rebelles, à la suite d’une visite à Kigali, au Rwanda. Ce déplacement supposé renforce les soupçons de Kinshasa, qui estime que l’ancien président aurait séjourné en zone rebelle, un acte pouvant constituer un motif de comparution devant la justice militaire pour haute trahison.
Maître Peter Ngomo, avocat au barreau de Kinshasa-Gombe, insiste sur la gravité des faits reprochés. Selon lui, “si nous devons nous référer à l’article 127 du code pénal militaire, en cas de guerre, tout Congolais reconnu coupable de trahison est passible de la peine de mort”.
Ce serait une première historique pour un ancien chef d’État congolais, créant ainsi un précédent juridique dans le pays. Une situation potentiellement explosive, selon certains analystes.
Le politologue Hubert Kabasubabo estime que l’on “assisterait à une intensification de la fragmentation nationale, à une polarisation politique accrue, à la montée des tensions ethniques et à un frein au processus de paix”.
Des appels à la désescalade
Des voix dans l’opposition, notamment celle de Moïse Katumbi, dénoncent une démarche à haut risque, accusant le pouvoir d’instrumentaliser la justice à des fins politiques. Pour d’autres, il est encore possible de désamorcer la crise par le dialogue national.
Le professeur Frelimond Muteba, président de l’Observatoire de la dépense publique (ODEP), plaide pour une désescalade.
Pour lui, “le premier à impulser ce dialogue, c’est le président de la République lui-même. Il doit agir comme un leader national, parler aux Congolais plutôt que de chercher la médiation à l’extérieur, comme à Doha ou à Luanda”.
Joseph Kabila a dirigé la RDC pendant 18 ans avant de transmettre pacifiquement le pouvoir à Félix Tshisekedi en janvier 2019.
Les deux hommes ont partagé le pouvoir dans le cadre d’une coalition jusqu’à la rupture en décembre 2020.
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