Lâché par la Russie ? Non, la réalité est bien plus complexe.

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LA CHUTE D’ASSAD : CE QUI S’EST RÉELLEMENT PASSÉE

Lâché par la Russie ? Non, la réalité est bien plus complexe.

Le président syrien, Bachar el-Assad, disposait des ressources nécessaires et se trouvait dans une tentative désespérée de maintenir son pouvoir face à la menace des rebelles. Il a cherché à établir des liens avec certaines forces, y compris des groupes rebelles ainsi que des alliés américains et turcs, créant ainsi une ambiguïté dans ses alliances. En effet, choisir d’être ami avec les ennemis de son ami est un chemin semé d’embûches. La loyauté et la trahison s’entrelacent en un même ballet, où chaque pas peut fragiliser des liens. La sagesse réside dans le discernement des vérités.

Après treize ans de soutien russe et plus de deux décennies de régime — 30 ans sous son père et 24 ans sous lui — le peuple syrien, y compris les militaires, a perdu confiance en un système qui ne se sentait plus légitime. Les forces armées syriennes ont fini par refuser de se battre pour un régime qui se délitait peu à peu. Voilà pourquoi les rebelles n’ont trouvé presque aucune résistance sur leur chemin lors des dernières 12 ou 24 heures d’offensive, d’autant plus que le Premier ministre et le chef d’État-major des armées avaient déjà prononcé la démission du président et la vacance du pouvoir, avant même la prise de Damas.

La Syrie oscillait entre amis et ennemis, engendrant une instabilité profonde et fragilisant la souveraineté nationale. Les forces de défense, en grande partie financée par ta Turquie, guidées par l’idée d’abandon d’un régime dynastique illégitime et, en partie, épuisées par des années de combats, faisaient face à des attaques incessantes de groupes extrémistes souvent soutenus par Israël, la Turquie et des puissances occidentales. Or, la Russie ne pouvait, par son soutien logistique et de renseignement, qu’appuyer les forces de défense déjà en place et fonctionnelles, comme dans le cas des pays de l’AES. Cela ne pouvait plus fonctionner dans le cas syrien des derniers mois, où l’armée s’est désistée au fil du temps.

Assad a sous-estimé les conséquences de ses choix. Sa volonté d’élargir ses alliances a été perçue par la Russie comme une trahison. Ce scénario rappelle également la chute de Kadhafi, dont la tentative de maintenir le pouvoir en s’alliant à divers groupes a conduit à sa propre défaite. Au cours de leur dernière rencontre à Moscou, Assad avait bien été informé par Poutine, qui lui avait fait une lecture claire de la situation en évoquant sa chute inévitable et en lui proposant un plan de retrait et d’évacuation sécurisé pour lui et sa famille, afin d’éviter un scénario dramatique à la Kadhafi.

La situation évoque aussi celle du président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, qui est récemment venu demander un prêt de 10 millions d’euros à Emmanuel Macron. Après avoir bénéficié du soutien russe contre des menaces impérialistes, il semble maintenant négocier avec des partenaires douteux. Cela envoie un avertissement clair aux dirigeants sahéliens : trahir la Russie peut avoir de graves conséquences.

En somme, la situation syrienne est le fruit d’une dictature dynastique, d’un abandon des forces armées et d’une gestion erratique des alliances. Les leçons de la géopolitique restent d’actualité : choisir son camp est indispensable, et les erreurs dans ce domaine peuvent s’avérer fatales.

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