L’ancien tout-puissant conseiller spécial du chef de l’État a finalement été blanchi, ce jeudi 21 août, par la justice militaire congolaise.
Remis en liberté provisoire en août 2022, il faisait depuis profil bas.
La Haute Cour militaire congolaise a rendu son verdict, ce jeudi 21 août 2025 à Kinshasa.
Ancien conseiller spécial en matière de sécurité du président Félix Tshisekedi, François Beya a été acquitté des charges retenues contre lui.
Il était poursuivi pour « complot contre la vie ou la personne du chef de l’État », « offense au chef de l’État », « violation de consigne » et « incitation […] à commettre des actes contraires aux devoirs et à la discipline ».
Les juges sont donc allés au-delà de ce que réclamait le procureur qui, le 28 juillet dernier, s’était déjà montré très clément dans son réquisitoire, arguant de l’âge avancé de l’accusé (70 ans).
Il n’avait requis qu’un an de prison ferme, dont six mois avec sursis. Ont également été acquittés ses coaccusés Guy Vanda Nowa Biama et le colonel Pierre Kalenga Kalenga.
Ce verdict marque la fin d’un procès qui aura traîné pendant plus de trois ans. Arrêté dans des circonstances spectaculaires en février 2022, François Beya avait bénéficié d’une libération provisoire pour raisons médicales en août suivant, et avait pu aller se faire soigner à Paris.
Contacté par Jeune Afrique après l’énoncé du verdict, un proche de François Beya regrette que celui-ci ait « tout perdu dans cette affaire, son poste aussi bien que son honneur ». « Tout ça pour ça », soupire-t-il, en affirmant que l’ancien conseiller ne devrait pas retourner en Rdc à court terme. L’opposant Claudel Lubaya se réjouit, quant à lui, que les accusations portées contre Beya se soient « écroulées une à une, comme si elles avaient été montées de toutes pièces par des officines de la haine dans le seul but de porter atteinte à la dignité et à la carrière d’un homme ».
Animosités et convoitises.
Surnommé « Fantomas » du temps de sa toute-puissance, François Beya cultivait la discrétion mais exerçait une influence bien réelle sur les services de renseignements congolais.
Il a longtemps été une figure clé du paysage sécuritaire en Rdc.
Originaire de la province du Kasaï, il avait débuté sa carrière sous le régime de Mobutu Sese Seko avant de gravir les échelons sous la présidence de Joseph Kabila.
Sa très bonne connaissance des arcanes du pouvoir lui a longtemps permis de survivre aux crises et aux changements de régime.
Sous la présidence de Félix Tshisekedi, élu en 2019, Beya avait été nommé conseiller spécial à la sécurité, un rôle qui lui conférait un pouvoir immense sur les questions de renseignements et de défense.
Il était perçu comme un pilier de la stabilité du régime, facilitant les dialogues entre factions rivales et aidant à consolider l’autorité du nouveau président.
Il était également un rouage entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi.
Sa position centrale avait néanmoins suscité animosités et convoitises, y compris au sein de l’entourage présidentiel.
Insuffisance des preuves ?
La justice congolaise lui reprochait d’avoir pris part à une machination visant à renverser ou à attenter à la vie du président Tshisekedi.
Selon le ministère public, des enregistrements audio et des témoignages indiquaient que François Beya avait ouvertement critiqué le chef de l’État et comploté avec des éléments dissidents, y compris des militaires. L’accusation s’appuyait également sur des remarques négatives formulées sur les habitudes personnelles du président – elles ont été interprétées comme des menaces à la sûreté de l’État.
Le 5 février 2022, François Beya avait été arrêté à son domicile par des hommes de l’Agence nationale de renseignements (ANR).
Transféré à la prison de Makala, il avait été détenu dans des conditions controversées, suscitant des inquiétudes sur le respect de ses droits et sur la transparence de la procédure intentée contre lui.
Devant la cour, ses avocats avaient dénoncé un complot ourdi par ses rivaux au palais présidentiel, arguant que les preuves étaient faibles et motivées par des luttes de pouvoir internes plutôt que par des faits.
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