Comment Malcolm X a lutté contre le “cauchemar américain”

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Il critiquait les Blancs aux Etats-Unis.
Aujourd’hui encore, cent ans après sa naissance, Malcolm X est une icône du mouvement des droits civiques des Noirs.

“Que pensez-vous que vous feriez après 400 ans d’esclavage de Jim Crow et de lynchage ?
Pensez-vous que vous réagiriez de manière non-violente ?”
C’était l’une des questions clés que Malcolm X posait à la société américaine. Car bien que l’esclavage ait été aboli aux Etats-Unis en 1865, les “lois Jim Crow” ont continué à cimenter la discrimination quotidienne des Noirs jusqu’en 1964.
Ils n’avaient pas le droit de voter ni de s’asseoir à côté des Blancs dans le bus ou au restaurant.
Ils vivaient dans des ghettos noirs et obtenaient de mauvais emplois.

Son message aux Afro-Américains était clair : “Soyez sûrs de vous !
Luttez pour vos droits par tous les moyens nécessaires”, c’est-à-dire aussi par la violence si nécessaire.
Car Malcolm X, qui a vu le jour le 19 mai 1925 sous le nom de Malcolm Little à Omaha dans le Nebraska et qui a grandi près de Détroit, savait ce que signifiait être noir aux Etats-Unis.

“Un objectif irréaliste pour un Noir”

L’enfance de Malcolm X a été marquée par la pauvreté et la violence.
Il avait six ans lorsque son père a été retrouvé mort.
La mère de Malcolm était convaincue que des racistes l’avaient assassiné.
Avec sept enfants et peu d’argent, elle était complètement dépassée et est tombée malade mentalement. Malcolm a été pris en charge par diverses familles d’accueil et institutions. Lui-même a parlé plus tard dans son autobiographie de la “terreur des travailleurs sociaux très blancs”.

Malgré des conditions de départ difficiles, il a été un bon élève, le seul Noir de sa classe. Un événement clé l’a marqué de manière décisive : son professeur préféré lui a demandé ce qu’il voulait faire plus tard, raconte à la DW Britta Waldschmidt-Nelson, professeure d’histoire à Augsbourg dans le sud de l’Allemagne et auteure de la biographie “MALCOLM X Le révolutionnaire noir”.

Malcolm a répondu qu’il aimerait faire des études de droit. Selon le professeur, ce n’était pas un objectif réaliste pour un Noir.
Malcolm devrait plutôt faire quelque chose de ses mains.
“C’était la réalité de la vie des Afro-Américains”, explique l’historienne.

Adhésion Nation of Islam

Le jeune Malcolm était complètement désabusé.Ses notes ont chuté de manière spectaculaire et il a fini par déménager à 15 ans chez sa sœur Ella à Boston, puis à New York.
Il s’est maintenu à flot grâce à des petits boulots avant de devenir un petit délinquant. Au début de la vingtaine, il a été emprisonné pour divers cambriolages.
Il est entré en contact en prison avec les enseignements d’Elijah Muhammad.
Le militant noir des droits civiques Elijah Muhammad était le leader de Nation of Islam, une organisation politico-religieuse d’Afro-Américains qui n’avait aucun rapport avec l’Islam.

Malcolm Little s’est lui aussi rallié à Nation of Islam. Désormais, il s’appelait Malcolm X, car les noms de famille de chaque Noir afro-américain étaient autrefois attribués par les propriétaires d’esclaves.
C’est pourquoi les membres de Nation of Islam les ont rejetés et se sont simplement appelés “X”.

Il a profité de ses sept années de détention pour se former en autodidacte.
Pendant quatorze ans, il a fait partie de Nation of Islam.
Le leader Elijah Muhammed a su apprécier la finesse intellectuelle et les talents d’orateur du jeune homme et l’a nommé porte-parole de l’organisation.

Citoyens de seconde classe

Dans ses discours, Malcolm X dénonçait sans cesse les “diables blancs”.
Bien qu’il vivait dans les Etats du Nord des Etats-Unis – la “Terre promise” pour les Noirs des Etats du Sud, encore plus restrictifs – il ne plaçait plus d’espoir, là non plus, dans les “libéraux” blancs.
Il avait lui-même constaté que les Noirs étaient considérés comme des citoyens de seconde classe dans tous les Etats-Unis.

Malcolm X a longtemps eu du mépris pour le mouvement des droits civiques de Martin Luther King.
Il a jugé comme déconnecté de la réalité le célèbre discours de Martin Luther King lors de la marche sur Washington en 1963, qui parlait d’une Amérique libre et unie au-delà de toutes les barrières raciales. : “Je ne suis pas américain.
Je suis l’un des 22 millions de Noirs qui sont victimes de l’américanisme…
Je vois l’Amérique à travers les yeux d’une victime.
Je ne vois pas un rêve américain ; je vois un cauchemar américain !”

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