Le gaspillage alimentaire est un problème plus grave que les pénuries alimentaires ?

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Un tiers de la nourriture produite est gaspillée, pourtant des millions de personnes souffrent de la faim.

En Afrique, ce paradoxe est particulièrement criant. Alors que le continent dépense des milliards de dollars chaque année pour importer des denrées alimentaires, près de 40 % de sa production locale est perdue avant même d’atteindre les consommateurs, selon la FAO.

Ces pertes surviennent principalement à deux niveaux :

1. Pertes post-récolte (20 à 50 % selon les cultures) : Stockage inadéquat, absence de chaînes de froid, et infrastructures de transport défaillantes laissent pourrir des récoltes entières. Par exemple, au Nigeria, premier producteur africain de tomates, 45 % de la production est gaspillée en raison de mauvaises routes et de l’accès limité aux technologies de conservation.

2. Gaspillage au niveau des marchés et ménages : Les surplus invendus sur les étals, souvent exposés à la chaleur, et les habitudes de surconsommation dans les villes accélèrent les pertes.

Conséquences dramatiques :

– Insécurité alimentaire : Réduire ces pertes de moitié permettrait de nourrir 300 millions de personnes supplémentaires en Afrique subsaharienne.
– Appauvrissement des agriculteurs : Les petits producteurs, déjà vulnérables, perdent jusqu’à 30 % de leurs revenus à cause des denrées abîmées.
– Impact environnemental : Le gaspillage alimentaire génère 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, aggravant les dérèglements climatiques qui frappent durement le continent.

Solutions concrètes en action :

– Innovations locales : Au Kenya, l’entreprise “SokoFresh” propose des entrepôts mobiles réfrigérés alimentés à l’énergie solaire, réduisant les pertes de fruits et légumes de 80 %.
– Transformation des surplus : Des coopératives féminines au Sénégal transforment le mil et le maïs en farine longue conservation, combinant lutte contre le gaspillage et autonomisation économique.
– Politiques publiques : Le Ghana a instauré des subventions pour les sacs de stockage hermétiques (technologie “PICS”), sauvant 95 % des céréales des insectes et de l’humidité.

L’éducation, clé de changement : Sensibiliser les enfants via des programmes scolaires et former les agriculteurs aux techniques de séchage ou de conditionnement low-cost peut générer un impact systémique.

En synthèse, l’Afrique possède les ressources et l’ingéniosité pour transformer ce fléau en opportunité. En investissant dans des infrastructures adaptées et en valorisant les savoir-faire locaux, le continent pourrait non seulement éliminer la faim, mais aussi devenir un modèle d’économie circulaire alimentaire.

La lutte contre le gaspillage n’est pas une option – c’est un impératif moral et stratégique pour l’avenir.

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