À la suite de l’analyse de la situation de l’agriculture familiale en République Démocratique du Congo (RDC) et des défis liés à l’intégration de cette dernière dans les politiques agricoles et environnementales ;
Vu la faible prise en compte de l’agriculture familiale dans les projets gouvernementaux et des partenaires techniques et financiers, en dépit de son rôle essentiel dans la sécurité alimentaire et la gestion durable des ressources naturelles ;
Vu les difficultés d’accès des petits exploitants aux mécanismes de financement, notamment pour la gestion des puits de carbone, et leur manque de reconnaissance dans ce domaine ;
Vu l’absence d’une loi spécifique sur l’agroforesterie, ce qui empêche une réelle intégration de ces pratiques au sein des exploitations agricoles familiales ;
Vu l’insécurité foncière et l’accès limité aux terres communautaires, qui constitue un frein majeur pour la promotion de pratiques agricoles durables, y compris l’agroforesterie ;
Constatant l’absence de soutien suffisant en matière d’accompagnement technique et financier pour les petits exploitants, et leur manque d’informations sur les bonnes pratiques agricoles et environnementales ;
La Confédération Nationale des Producteurs Agricoles, les ONG qui les accompagnent et les partenaires techniques et financiers, réunis dans le cadre du Festival Alimenterre au Centre Wallonie Bruxelles, recommandent les mesures suivantes :
1) Aux autorités :
• Clarifier et renforcer la place de l’agriculture familiale dans la politique agricole nationale, en mettant l’accent sur son rôle crucial dans la sécurité alimentaire et la gestion durable des ressources naturelles ;
• Mettre en place des mécanismes spécifiques de financement pour les exploitations agricoles familiales, en particulier celles qui adoptent des pratiques agroécologiques ;
• Organiser des programmes de formation et de soutien technique destinés aux petits exploitants pour faciliter la transition vers l’agroécologie et renforcer leur résilience face aux aléas climatiques ;
• Mettre en place des mesures de protection pour la semence paysanne locale ;
• Créer des programmes spécifiques facilitant l’accès des petits exploitants aux mécanismes de financement carbone, ainsi que développer un système de certification des pratiques agroécologiques permettant aux producteurs familiaux d’être rémunérés pour leurs contributions à la séquestration du carbone ;
• Mettre en place un cadre incitatif pour la promotion de l’agroforesterie, et assurer un accompagnement technique et financier renforcé pour les petites exploitations agricoles ;
• Prendre un arrêté ministériel sur la gestion des pesticides tout en mettant en exergue les pesticides homologués en RDC.
2) Aux partenaires techniques et financiers :
• Développer des partenariats avec les organisations paysannes pour établir des projets pilotes de paiement pour services environnementaux, en particulier dans les zones rurales et communautaires ;
• Encourager les petites exploitations agricoles à adopter des pratiques agroécologiques, en mettant en place des programmes adaptés à leurs besoins spécifiques ;
• Appuyer l’élaboration de programmes de formation à l’agroforesterie, notamment sur la gestion durable des sols et des forêts.
3) Aux communautés rurales :
• Sensibiliser les communautés sur la gestion durable des terres collectives et encourager des initiatives de gestion participative des ressources naturelles ;
• Renforcer la protection juridique des terres communautaires, notamment par l’enregistrement systématique des terres de jouissance et la mise en place de mécanismes de régulation foncière transparents ;
• Promouvoir une gouvernance inclusive des terres communautaires, avec la participation active des femmes, des jeunes et des personnes vulnérables.
4) Aux petits exploitants agricoles familiaux :
• S’engager à adopter des pratiques agricoles durables, notamment l’agroécologie et l’agroforesterie ;
• Protéger les semences locales et garantir la production d’aliments sains et de bonne qualité ;
• Travailler avec les services spécialisés de l’État pour la mise en place d’initiatives collectives et durables ;
• Abandonner les pratiques agricoles nuisibles à l’environnement, notamment celles qui ne respectent pas les normes de protection des terres et des ressources naturelles ;
• Participer activement à la protection des terres communautaires et à la gestion durable des ressources.
En Conclusion :
La CONAPAC, en tant que porte-parole des communautés rurales et des petits exploitants agricoles, appelle les autorités compétentes à prendre des mesures concrètes pour renforcer l’intégration de l’agriculture familiale dans les politiques agricoles, à soutenir la transition vers l’agroécologie et à assurer la protection des terres communautaires. Il est impératif que ces politiques agricoles et environnementales soient mises en œuvre de manière inclusive et adaptées aux réalités des communautés rurales, afin de garantir un avenir durable pour les exploitations familiales et la biodiversité.
La RDC doit se positionner comme un modèle de durabilité environnementale et de justice sociale en soutenant activement ses producteurs familiaux et en assurant une gestion durable de ses ressources naturelles, tout en promouvant un développement agricole respectueux de l’environnement.
La CONAPAC et les organisations des producteurs familiaux s’engagent à poursuivre la mise en application de la présente note et à faire le point aux prochaines occasions, notamment lors du FAT.
Fait à Kinshasa, le 15 novembre 2024
Pour la CONAPAC
Rosalie BIUMA
Administratrice
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