Paul Kagame à Oyo chez Denis Sassou Nguesso : Exil Forcé ou Manœuvre Stratégique contre la RDC ?

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L’arrivée précipitée de Paul Kagame à Oyo, en République du Congo, soulève de nombreuses interrogations.

S’agit-il d’un exil forcé, témoignant d’un affaiblissement du pouvoir rwandais, ou d’une manœuvre stratégique visant à ouvrir un nouveau front à l’ouest de la République Démocratique du Congo (RDC), où 9 000 hommes auraient déjà été déployés du côté du Congo-Brazzaville ?

Les autorités congolaises les présentent comme des Kuluna, ces gangs de jeunes délinquants qui terrorisent Kinshasa, mais leur véritable nature et leur mission restent sujettes à controverse.
Le président rwandais fait face à des menaces multiples, non seulement de la part des Forces Armées de la RDC, mais aussi de son propre camp.

Certains éléments de son armée l’accusent d’avoir entraîné le pays dans une politique d’expansion risquée, compromettant la stabilité interne du Rwanda.

Son arrivée à Oyo, accompagnée de l’atterrissage d’un avion cargo à l’aéroport international d’Ollombo, alimente les spéculations.

Ce cargo contenait-il des biens personnels du président ou bien des équipements et troupes destinés à d’éventuelles opérations militaires ?
Par ailleurs, un fait troublant vient renforcer les soupçons d’un exil déguisé : selon des sources bien informées, la famille de Paul Kagame serait déjà arrivée au Royaume-Uni.

Ce déplacement précipité soulève la question d’une possible fuite organisée, laissant entrevoir une perte de contrôle du président rwandais sur la situation.
À Kinshasa, où les soupçons d’un soutien de Brazzaville à Kigali sont récurrents, la vigilance est de mise.
Les autorités congolaises se disent prêtes à défendre l’intégrité et la souveraineté de la RDC contre toute menace.
Cette situation crée également des remous au sein du paysage politique congolais, divisant même les membres du Parti Congolais du Travail (PCT) de Denis Sassou Nguesso, tandis que le commandement militaire redoute une escalade pouvant mener à un affrontement direct avec la RDC.

Pour le président Félix Tshisekedi, cette conjoncture pourrait être une opportunité stratégique.
Si la présence de Kagame à Oyo est le signe d’un exil, cela affaiblirait le soutien aux groupes armés pro-rwandais opérant à l’est de la RDC, offrant à Kinshasa une chance de renforcer la stabilité dans cette région.
En revanche, si cette présence annonce une intensification du conflit, Tshisekedi pourrait mobiliser la communauté internationale en dénonçant une nouvelle agression du Rwanda, consolidant ainsi sa position diplomatique et militaire.

Selon des sources concordantes, les troupes de la RDC seraient, ce matin, à quelques kilomètres de Kigali, accueillies en héros par une partie de la population rwandaise qui espère depuis longtemps un changement.
Cet accueil témoigne du mécontentement croissant au sein du Rwanda et pourrait accentuer la fragilisation du régime de Kagame.
La guerre entre la RDC et le Rwanda risque de s’intensifier.

L’Afrique du Sud, qui a déjà perdu de nombreux soldats aux côtés des forces congolaises, a renforcé sa présence militaire sur le terrain, notamment à Goma.
Par ailleurs, l’administration Trump a demandé à Paul Kagame de retirer ses troupes du territoire congolais, sous peine d’un durcissement des mesures contre Kigali.

En cas de refus, Washington pourrait inciter l’Angola à s’allier à la RDC, ce qui modifierait l’équilibre des forces dans la région.
L’Allemagne, de son côté, a déjà pris des sanctions contre le Rwanda en mettant fin à un projet de financement.
Pendant ce temps, la France continue de soutenir Paul Kagame, tout en refusant d’apporter le même appui à Denis Sassou Nguesso.
« La France ne va plus vous cacher, et vous n’allez plus vous cacher derrière la France », aurait déclaré l’ambassadeur de France au Congo, en réaction au projet de réforme constitutionnelle visant à créer un poste de vice-président.

L’avenir de Paul Kagame à Oyo demeure incertain, mais son séjour pourrait bien redéfinir la dynamique du conflit entre le Rwanda et la RDC, avec des répercussions majeures sur la stabilité régionale.

Serge Armand Zanzala, journaliste et écrivain

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