LES FAILLES DE L’APPRÉCIATION DU FRANC CONGOLAIS : UNE STABILITÉ MONÉTAIRE DÉCONNECTÉE DU QUOTIDIEN.

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Alors que les autorités monétaires saluent l’appréciation du franc congolais face au dollar américain, il est impératif d’adopter une lecture plus nuancée et technique de cette performance. Car en dépit de cette apparente stabilité monétaire, le quotidien des Congolais reste inchangé, voire aggravé par une économie informelle échappant à tout contrôle.

1. Une appréciation sans impact réel sur les ménages
L’amélioration du taux de change interbancaire ne s’est pas traduite par une baisse significative des prix sur les marchés :
– Les tarifs de transport n’ont pas baissé.
– Les biens de première nécessité gardent des prix inchangés ou connaissent de légères baisses purement symboliques.
– Les sociétés brassicoles maintiennent leurs prix de manière rigide, sans tenir compte de la variation du taux.
– Les opérateurs de télécommunications continuent à facturer selon des barèmes calculés à un taux de change déconnecté du marché officiel.

2. L’absence d’un État régulateur
Le marché congolais est livré à lui-même :
– Les cambistes imposent leurs propres taux, fixés selon des logiques spéculatives sans référence aux données officielles.
– Il y a un déficit criant de contrôle des prix, même sur les produits subventionnés ou réglementés.
– L’absence de sanctions contre les pratiques anticoncurrentielles renforce la toute-puissance des cartels économiques.

3. Des recommandations concrètes
Pour que l’appréciation du franc congolais profite réellement à la population, plusieurs actions s’imposent :
– Mettre en place une autorité indépendante de régulation des prix, avec pouvoir de sanction.
– Encadrer le marché parallèle du change en imposant un taux plafond aligné sur la moyenne interbancaire.
– Obliger les grandes entreprises à publier leurs barèmes de tarification et justifier leurs ajustements en période de stabilité.
– Renforcer les contrôles économiques sur les marchés, notamment pour les produits de première nécessité.
– Stimuler la production locale afin de réduire la dépendance aux importations qui impacte lourdement les prix.
– Renforcer la communication publique autour de la politique monétaire, pour qu’elle soit lisible et compréhensible par tous.

En conclusion

La monnaie nationale peut se stabiliser sur les marchés financiers, mais tant que les mécanismes de régulation ne sont pas activés, la population ne sentira pas les effets dans son panier quotidien. Le rôle de l’État ne se limite pas à observer les courbes ; il doit intervenir activement pour que la stabilité macroéconomique soit un levier réel de bien-être social.

MARTIN-ETIENNE MBIKA, ANALYSTE POLITIQUE…

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