L’État congolais a récemment récupéré près de 600 titres miniers, couvrant plus de 31 000 km², dans une opération de nettoyage du cadastre minier national. Derrière cette initiative, se dessine une stratégie politique et diplomatique aux ramifications profondes.
Une enquête qui remonte à l’ère Kabila
Tout commence avec les auditions de Martin Kabwelulu, ancien ministre des Mines sous Joseph Kabila. Ces interrogatoires ont permis de reconstituer les circuits d’attribution des concessions minières, souvent dissimulés derrière des sociétés écrans ou des prête-noms. Kabwelulu aurait livré des informations clés sur les bénéficiaires réels de centaines de carrés miniers, notamment ceux liés à la famille Kabila.
Bien que les autorités n’aient pas officiellement lié cette récupération aux déclarations de Kabwelulu, la coordination des enquêtes et leur chronologie laissent penser qu’il a joué un rôle central dans la reconstitution du puzzle minier de l’ancien régime.
Des figures congolaises et internationales dans le viseur
Parmi les personnalités congolaises concernées, on retrouve Joseph Kabila, présenté comme le principal bénéficiaire de ces titres, avec une fortune estimée à plus de 34 milliards de dollars dépassant même le milliardaire nigérian Aliko Dangote.
D’autres noms apparaissent : Martin Kabwelulu, Albert Yuma, Moïse Katumbi, Janette et Zoé Kabila, ainsi que plusieurs caciques du Front Commun pour le Congo (FCC). Même Jean-Marc Kabund, ancien président de l’Assemblée nationale et ex-haut cadre de l’UDPS, est cité parmi les concernés, bien qu’il n’ait jamais appartenu au FCC.
Mais l’affaire dépasse les frontières. Des figures africaines et occidentales ont également vu leurs concessions minières récupérées. Certaines attributions semblent avoir été motivées par des calculs diplomatiques :
1. Olusegun Obasanjo aurait reçu des titres pour “acheter sa timidité” face aux accords du 23 mars 2009 entre le CNDP et le gouvernement congolais.
2. Denis Sassou Nguesso, Faustin-Archange Touadéra et William Ruto auraient été gratifiés par Kagame pour la stratégie de timidité diplomatique envers le régime de Félix Tshisekedi.
3. Louis Michel aurait bénéficié de concessions en remerciement par Kagame et Kabila pour avoir installé un imposteur au pouvoir en RDC.
4. Le clan Clinton et certains démocrates américains auraient été récompensés pour leur soutien dans le renversement de Mobutu.
5. Des leaders comme Thabo Mbeki, Jacob Zuma ou la famille de Robert Mugabe auraient reçu des titres dans le cadre de relations bilatérales pour soutien au régime de l’époque.
Vers une nouvelle gouvernance minière ?
Cette reprise massive ouvre la voie à une redistribution plus transparente des ressources. Le gouvernement congolais envisage des appels d’offres publics et des partenariats stratégiques avec des entreprises capables de garantir une exploitation responsable surtout avec les Etats-Unis.
Dans un contexte mondial où les minerais stratégiques comme le cobalt et le cuivre sont au cœur des enjeux technologiques, la RDC semble décidée à reprendre la main sur son sous-sol et à en faire un levier de développement durable.
R. Cikala
#rcikala #RDC
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